ADRV© : LES ARMES AU « KUNG FU » WUSHU
By Eric Garnier Sinclair 2 ans agoADRV© : LES ARMES AU « KUNG FU » WUSHU
« Il faut savoir se dominer pour dominer son arme »
L’entraînement aux armes dans les arts martiaux chinois (taiji inclus) fait partie intégrante de l’apprentissage du wushu. Mais contrairement aux croyances populaires, toutes les écoles n’enseignent pas le maniement des armes, classé en 18 catégories principales : Sabre, lance, épée, hallebarde, fléau à trois branches ou tri-bâton, crochet, éventail, fouet, chaîne à 9 sections, couteaux papillons, double crochet, lance à long manche, bâton, nunchaku…
La classification des armes
Certains historiens recensent plus de 365 armes chinoises, des classiques (sabre, épée, bâton et lance) aux plus rares tels, la massue des dents de loup ou Lang Ya Bang (étudiée par Eric), l’éventail de fer (Tie San), la lance serpentine (She Jiang), la griffe volante (Kongbu Zhua), le tambourin à lames (Linggudao), l’aiguille tournante du Mont Emei (Emei Zhuozhen), les cymbales hurlantes (Haobo), le parapluie (Yusan) ou encore le banc d’auberge (Changdeng), sans oublier les nombreuses formes de cannes et poignards …
Il existe une classification en 5 catégories correspondant aux 5 éléments de la tradition chinoise.
· Ainsi le bâton (gun) correspond à la terre,
· Le sabre (Dao) au métal,
· L’épée (Jian) au feu,
· La hallebarde (Ji ou Guan Dao) au bois,
· Et la lance (Qiang) correspond à l’eau.
La classification traditionnelle établie par le monastère de Shaolin dénombre 18 types d’armes classifiés :
§ Les armes dites Courtes : Sabres, épées, cannes, couteaux, éventails en métal…,
§ Les armes dites Longues « Chang bing », maniées à deux mains et d’une longueur au moins égale à celle d’un homme (bâtons, lances, hallebardes),
§ Les armes dites Flexibles / souples : Tri-bâtons, chaînes, fouets, cordes avec projectile,
§ Les armes dites Doubles : Doubles-sabres, doubles-épées, doubles-couteaux, doubles-bâtons, …
§ Et les armes dites de jet : Shurikens, couteaux de lancer, arcs…
Chaque arme, qui à ses propres manipulations basiques (Ji ben gong) ont des bienfaits techniques (Timing, distance, force agilité, puissance, équilibre, maintien, vitesse, agilité, concentration mentale, coordination, conditionnement physique…) mais également physiques, aux bienfaits internes sur les organes humains.
§ Par exemple, la hallebarde chinoise (Guandao ou Kuan Tao) qui correspond au Bois, au printemps, à l’Est et au tigre (Hu). C’est une arme qui, par son poids important, favorise le travail des muscles et des tendons. Elle renforce l’énergie du foie.
§ La lance (Qiang), qui correspond à l’Eau, à l’hiver, au Singe (Hou ou Haou) ou au Serpent (She), est considérée comme l’arme longue la plus noble. Elle permet le travail sur les articulations et les os en profondeur. Son maniement vise à renforcer l’énergie au niveau des reins.
§ Le maniement du sabre à un tranchant (Dadao ou Ta Tao), qui correspond au Métal, à l’automne, au Héron (He ou Hok). Il favorise le travail du souffle et renforce les poumons.
§ Le bâton long (Gun ou Kwon) qui correspond à la Terre, à la cinquième saison, au Centre et à l’Ours (Xiong ou Tchong). Son maniement permet la régulation de l’équilibre général et le renforcement de l’énergie de la rate.
§ L’épée droite à double tranchant (Jian ou Kien) qui correspond au Feu, au Sud et au Léopard (Pao) ou au phénix rouge (Hong Feng). Son maniement rapide favorise le travail de la circulation sanguine et renforce l’énergie du cœur.
A noter que le bâton surnommé « L’ancêtre des armes », doit être aussi long que le corps du compétiteur. Quant à la longueur de la lance, elle doit correspondre à la hauteur formée par le compétiteur levant un bras et une main (source : règlement FFK, année 2019).
Les Cinq Armes fondamentales (Wuqi Wufa)
Georges Charles, le grand spécialiste Français du Wushu, souligne que certaines écoles de Taijiquan, préfèrent classer le bâton dans l’élément Bois, le sabre dans l’élément métal, la lance dans l’élément Feu, et l’épée dans l’élément Eau… tandis que le poing (Quan ou Chuan) représente la Terre.
Technique : Le maniement du bâton repose sur cinq mouvements de base :
· Frapper,
· Piquer,
· Contrer,
· Manipuler,
· Bloquer.
De nombreuses autres techniques découlent de celles-ci, notamment rebondir (Tán), tourner (Zhuan), crocheter (Gōu), percer (Chuān), et fendre (Ke). La forme interne du bâton contient toutes les combinaisons liées aux 5 éléments :
· Eau : esquive,
· Bois : saisir et projeter,
· Feu : avancer et frapper,
· Terre : demeurer sur place, correspond au blocage,
· Métal : esquive vers l’extérieur.
Maintenant au travail !
A propos de l'auteur
Eric Garnier Sinclair
Co-fondateur du Centre KYUDO MUGEN (un centre de recherches et d’études des arts martiaux guerriers Européen et Asiatique), avec sa femme, Mitchiko MOCHIZUKI (fille du Maître Hiroo MOCHIZUKI et petite fille du célèbre Minoru MOCHIZUKI), Eric GARNIER SINCLAIR a un parcours atypique d’une grande richesse dans le monde du BUDO et du BUJUTSU.
Héritier de l’école Long Yin Dao de LI Wing-Chuen en 1978, il n’a de cesse de parcourir le monde à la rencontre de différentes cultures dans lesquelles se côtoient les traditions martiales, l’art du guerrier, l’ésotérisme et la santé. Formateur en survie tout-terrain, animateur sportif JSJO, instructeur Diplômé Fédéral en Krav maga, Taiji Qigong, Contact défense et lutte Pancrase…, il est aussi certifié à des titres divers en Chine (Qi gong, Qin na & Wushu), au Japon (Hakko-ryu et Pancrase) & Pays-Bas (pancrase).
Des Spetsnaz Russes aux moines Tibétains, des chamans gardiens de la tradition à Bas RUTTEN, avec lequel il écrit un livre référence « Ma méthode de pancrase », il apprend à tirer le meilleur de chaque expérience afin de parfaire ses acquis. Partenaire d’entrainement de Fred ROYERS (légende de la boxe Pieds Poings), Michel VAN RIJT (Vice-champion du monde de judo jujitsu, champion du monde de JB), Bas RUTTEN, Leon VAN DIJK ou encore Remco PARDOEL…(Chikara club d’Eindhoven), il devient champion d’Europe de « Pancrase Free-fight » en 1999.
Fort de ses connaissances, il enseigne les approches cognitives du combat de survie tout-terrain et le combat rapproché à la police Néerlandaise, aux professionnels de la sécurité et de la santé, ou encore aux jeunes recrues de la Légion étrangère Espagnole…
Ancien animateur-speaker au Festival des arts martiaux (Paris Bercy), il est aussi l’auteur des incontournables « Chroniques réflexions » (« Self & Dragon », « Survivre », « Tai chi », « Commando » Magazines), des rubriques devenues aussi populaires que « Les Chroniques martiales » de Feu Henry PLEE. Il a contribué à la rédaction des livres « Boxe de rue II » et « Le guide du kid », un ouvrage conçu par Robert PATUREL (la légende du RAID) et Pascal BITOT-PANELLI (ex Commandant de la gendarmerie, grande figure du Service de Protection des Hautes Personnalités (SPHP).
Après 22 ans passés à l’étranger, Eric GARNIER SINCLAIR revient en France en 2014. Initié à certains enseignements réservés, il continue à explorer l’infini potentiel de l’art authentique depuis 48 ans. Il « entre » avec quelques rares Français dans l’encyclopédie mondiale des arts martiaux en 1998. Fervent défenseur des arts guerriers (avant 1935) et des arts de santé, il décrit le véritable art martial « comme un rendez-vous où se rencontrent le monde visible et le monde invisible. Aujourd’hui, le paraître a pris le pas sur le verbe être, loin de l’essentiel. Or, on ne juge pas la force d’un tigre à la beauté de sa peau. Pour tout comprendre, il est nécessaire de savoir très peu, mais pour saisir ce peu de choses, il faut apprendre beaucoup ».