La musique : Le bien être sans ordonnance
By Eric Garnier Sinclair 5 ans agoLa musique n'a pas d'émotion en elle-même
Existe-t-il de la musique triste ? Si oui pourquoi la majorité d’entre nous l’aime et la plébiscite ? Ces questions ont fait l’étude de recherches scientifiques. Lorsque vous écoutez de la musique dite New Age et/ou thérapeutique, elle est généralement composée avec des accords mineurs et un rythme très lent, entrainant une vague de bien être, de joie intérieure ou de tristesse, voire même de chagrin. La musique n’est pas triste en elle-même mais elle est considérée comme telle par l’auditeur. Suivant la règle de l’unicité, chacun la perçoit à sa manière. Toujours est-il, à travers des accords planants, on tire du plaisir à les écouter. Ce paradoxe propre à l’humain interpelle les neuroscientifiques, notamment les chercheurs Henna-Riikka Peltola et Tuomas Eerola qui considèrent la musique comme un des supports capables de gérer ses émotions et les perturbations cognitives, sensorielles et motrices. Elle peut amplifier par mimétisme la joie (concert, fête…), provoquer la surprise, l’excitation, la mélancolie, la nostalgie, le bien être intérieur, le chagrin, la peine voire même du dégoût et des répulsions. Dans un excellent reportage sur Futura santé, l’auteur soulignait que « Tous ces sentiments négatifs font finalement se sentir mieux ceux qui les ressentent. C’est le paradoxe de la tragédie, où l’on tire du bien-être à ressentir de la tristesse… ».
Deux chercheuses, l’anglaise Annemieke Van den Tol (université du Kent) et l’irlandaise Jane Edwards (université de Limerick), avancent « qu’écouter une musique triste aide à surmonter une situation difficile en embrassant la tristesse plutôt qu’en cherchant à la nier ». Cette forme de stratégie cognitive est appelée douleur cathartique par les psychologues. Donc, leur conclusion commune, « Ecouter de la musique triste, sous certaines conditions, peut rendre heureux » est surprenante car « ça ne semble pas logique d’écouter de la musique triste quand on est déjà triste » dixit Annemieke Van den Tol. Suite à une expérience « d’écoute de musique en accords mineurs planants » avec 64 volontaires, il en résulte une conclusion collégiale qui souligne un sentiment de « se sentir plus heureux », moins triste et apaisé ». La scientifique a décidé de pénétrer plus en avant dans ses recherches sur 220 personnes en se basant sur trois hypothèses : « Parce qu’il trouve cette musique très jolie, parce que les gens espèrent se détourner de leur tristesse, et troisième hypothèse, parce que les aide à recadrer leurs pensées. » Cette nouvelle étude plus poussée à travers des questions spécifiques ont conforté les hypothèses de Madame Van den Tol : « Ecouter de la musique triste quand on se sent triste est susceptible de nous faire sentir mieux quand on a choisi cette chanson parce qu’on la trouve belle, parce qu’on s’attend à ce qu’elle nous détourne de notre tristesse et parce qu’on pense que la musique nous aide à recadrer nos pensées tristes ».
La musique triste, une douleur qui nous fait du bien ?
D’un point de vue neurochimique, le professeur David Huron (School of Music Ohio State University) et auteur de plusieurs ouvrages (Sweet Anticipation, Music and the Psychology of Expectation, Voice Leading, The Science Behind a Musical Art) souligne qu’un évènement triste libère de la prolactine, une hormone peptidique sécrétée par les cellules lactotropes de la partie antérieure de l’hypophyse. Cette hormone aux rôles multiples (lactation, reproduction, croissance, immunité et comportement) provoque un sentiment de réconfort. De surcroît, la sensation d’une tristesse réelle (hors évènement traumatique) engendrée par de la musique « planante et triste » permettrait d’activer le circuit de la consolation et de ressentir du plaisir.
Quoiqu’il en soit, écouter et/ou jouer de la musique entraîne un changement de fond dans l’activité cérébrale. Le docteur Stéphane Guétin, souligne « qu’au niveau neurophysiologique, la musique stimule naturellement la production d’endorphines et de dopamine, neurotransmetteurs agissant directement sur la douleur« . Aujourd’hui les neurosciences et la neuro-imagerie cérébrale confirment qu’apprendre à jouer d’un instrument et/ou écouter permettrait de mieux vieillir, de ralentir le déclin cognitif et de stimuler la motricité. Les chercheurs Français font un travail remarquable tel le professeur de neuropsychologie Hervé Patel (chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale- Inserm) qui, à travers ses travaux, a pu établir que « La musique n’active pas une zone, mais plusieurs régions du cerveau » ou encore Emmanuel Bigand qui dirige une unité de recherche spécialisée sur le lien entre musique et cognition au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce dernier affirme que « La musique transforme le cerveau en accroissant certaines zones et ce processus est bénéfique pour toutes les autres activités de l’être humain… Pour les victimes de lésions cérébrales, les malades d’Alzheimer, ceux de Parkinson, la musique peut-être un atout... ».
La musicothérapie possède de nombreuses vertus capables de réduire la douleur, l’anxiété et les troubles du sommeil, efficace dans la maladie d’Alzheimer, utilisée en gériatrie comme en pédiatrie. De Platon à Nietzsche, de Nelson Mandela à Bob Marley, de Romain Rolland à Pink Floyd, de Victor Hugo à Alex Michel de Mental Waves, tous s’accordent pour dire que la musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour, donne la paix à ceux qui sont sans repos, console ceux qui pleurent, donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée. La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Somme toute, la musique peut rendre les hommes libres et c’est l’un des plus beaux cadeaux que la nature nous a offerts.
A propos de l'auteur
Eric Garnier Sinclair
Co-fondateur du Centre KYUDO MUGEN (un centre de recherches et d’études des arts martiaux guerriers Européen et Asiatique), avec sa femme, Mitchiko MOCHIZUKI (fille du Maître Hiroo MOCHIZUKI et petite fille du célèbre Minoru MOCHIZUKI), Eric GARNIER SINCLAIR a un parcours atypique d’une grande richesse dans le monde du BUDO et du BUJUTSU.
Héritier de l’école Long Yin Dao de LI Wing-Chuen en 1978, il n’a de cesse de parcourir le monde à la rencontre de différentes cultures dans lesquelles se côtoient les traditions martiales, l’art du guerrier, l’ésotérisme et la santé. Formateur en survie tout-terrain, animateur sportif JSJO, instructeur Diplômé Fédéral en Krav maga, Taiji Qigong, Contact défense et lutte Pancrase…, il est aussi certifié à des titres divers en Chine (Qi gong, Qin na & Wushu), au Japon (Hakko-ryu et Pancrase) & Pays-Bas (pancrase).
Des Spetsnaz Russes aux moines Tibétains, des chamans gardiens de la tradition à Bas RUTTEN, avec lequel il écrit un livre référence « Ma méthode de pancrase », il apprend à tirer le meilleur de chaque expérience afin de parfaire ses acquis. Partenaire d’entrainement de Fred ROYERS (légende de la boxe Pieds Poings), Michel VAN RIJT (Vice-champion du monde de judo jujitsu, champion du monde de JB), Bas RUTTEN, Leon VAN DIJK ou encore Remco PARDOEL…(Chikara club d’Eindhoven), il devient champion d’Europe de « Pancrase Free-fight » en 1999.
Fort de ses connaissances, il enseigne les approches cognitives du combat de survie tout-terrain et le combat rapproché à la police Néerlandaise, aux professionnels de la sécurité et de la santé, ou encore aux jeunes recrues de la Légion étrangère Espagnole…
Ancien animateur-speaker au Festival des arts martiaux (Paris Bercy), il est aussi l’auteur des incontournables « Chroniques réflexions » (« Self & Dragon », « Survivre », « Tai chi », « Commando » Magazines), des rubriques devenues aussi populaires que « Les Chroniques martiales » de Feu Henry PLEE. Il a contribué à la rédaction des livres « Boxe de rue II » et « Le guide du kid », un ouvrage conçu par Robert PATUREL (la légende du RAID) et Pascal BITOT-PANELLI (ex Commandant de la gendarmerie, grande figure du Service de Protection des Hautes Personnalités (SPHP).
Après 22 ans passés à l’étranger, Eric GARNIER SINCLAIR revient en France en 2014. Initié à certains enseignements réservés, il continue à explorer l’infini potentiel de l’art authentique depuis 48 ans. Il « entre » avec quelques rares Français dans l’encyclopédie mondiale des arts martiaux en 1998. Fervent défenseur des arts guerriers (avant 1935) et des arts de santé, il décrit le véritable art martial « comme un rendez-vous où se rencontrent le monde visible et le monde invisible. Aujourd’hui, le paraître a pris le pas sur le verbe être, loin de l’essentiel. Or, on ne juge pas la force d’un tigre à la beauté de sa peau. Pour tout comprendre, il est nécessaire de savoir très peu, mais pour saisir ce peu de choses, il faut apprendre beaucoup ».