Il est fort à parier que cette petite histoire drôle à déclenché le réflexe mécanique et neuro végétatif de votre rire, en mettant en jeu le cortex cérébral, les centres moteurs du thalamus et de l’hypothalamus. « Une journée sans rire est une journée de perdue » disait le grand CHAPLIN. Il avait raison notre Charlot, mais si rire est bénéfique pour la santé, il ne faut surtout pas sous-estimer les contre indications. Ce complément réflexe communicatif et transmissible prend source dans l’humour, le chatouillement, le stress (rire nerveux), avec d’autres rires, mais également suite à la prise d’alcool, de produits illicites ou avec le protoxyde d’azote (gaz hilarant).

Contrairement aux certitudes bien ancrées dans la croyance populaire, le rire (qui apparait chez l’humain aux alentours du quatrième au cinquième mois) n’est pas le propre de l’Homme. Il existe bel et bien chez d’autres animaux tels les primates, les rats. La nature n’aime le vide, ni le hasard. Nous serions « pré-câblés » pour le rire pour des raisons de rôle social comme le souligne une récente étude.  Elle stipule que nous rions douze fois moins lorsque nous sommes seuls, qu’en présence d’autres personnes. A propos du rire communicatif, le psychologue Allemand Leonhard SCHILBACH (Université de COLOGNE) a mis en avant « qu’une personne qui commence à rire suscite auprès de ceux qui l’observent une activité des neurones impliqués dans la contraction des muscles zygomatiques (impliqués dans le rire), même quand l’observateur ne rit pas lui-même. Il se produirait ainsi une pré-activation de l’activité neurologique liée au rire par simple observation ». Les découvertes des chercheurs en psychologie cognitive ont involontairement donné naissance aux « rires en boîte » préenregistrés dans les séries US « soap » et dans les émissions de télévision.

Il faut savoir que ce réflexe n’est pas perçu de la même façon dans tous les pays. Ainsi les japonais se forcent à rire suite à une « grosse trouille » ou lorsqu’ils sont soumis à une peur irrationnelle. Dans certaines cultures Asiatiques, rire est un réflexe pour éloigner les mauvais esprits ou un sentiment de peur alors que pour une grande majorité d’entre nous, le rire exprime avant tout un sentiment de bonheur. Or, il serait avant tout un « signe de survie » indiquant l’absence de danger pour un groupe.

Le rire a des effets étonnants et relaxants sur notre organisme, au niveau musculaire, respiratoire et neuro-hormonal. Dans notre société aseptisée et formatée, le rythme de vie effrénée a engendré l’un des pires maux de ce siècle, le stress. En 1939, nous riions 20 minutes par jour, puis nous sommes passés à 6 minutes dans les 80’s. Aujourd’hui, le constat est alarmant : A peine 60 secondes pour plus d’un tiers des adultes, « soit 10 à 15 éclats de rire quotidiens ». Quant aux enfants âgés de 4 ans, encore plongés dans l’innocence infantile, ils sont encore capables de rire 400 fois par jour !

Les bienfaits du rire :

  • Face à l’individualisme, le rire est une arme redoutable qui incite chacun(e) à se sentir mieux dans sa peau.
  • Il encourage les meilleures relations avec les autres.
  • Il change notre façon de penser et de raisonner
  • Il permet de se détendre, d’être plus optimiste, moins timide, d’avoir une meilleure estime de soi.
  • Une personne prompte à rire est attractive et on recherche sa compagnie pour profiter des bienfaits bénéfiques de ce complément réflexe.
  • Le rire est un exercice musculaire complet, un massage bénéfique pour la peau.
  • Il accélère la circulation au niveau des capillaires
  • Le battement cardiaque est accéléré (donc dilatation des vaisseaux)
  • Excellent contre l’hypertension Il stimule tout le système vasculaire et les endorphines (hormones du plaisir, action sur la douleur – d’où les visites des clowns dans les hôpitaux et les services pédiatriques – ).
  • Il lutte contre la constipation, évacue les tensions physiques, diminue l’anxiété et régularise l’humeur
  • Le rire a des vertus anti-âge
  • Il sécrète des catécholamines (hormones qui chassent l’anxiété)
  • Il stimule la sérotonine (problème d’insomnie et d’endormissement)
  • Il permet aussi de se libérer d’un malaise ou d’une angoisse car il enlève les tensions du corps
  • Il ferait maigrir (une personne qui rit activement pendant une heure brûle 500 calories), baisser le taux de graisse sanguine et contribuerait à la prévention de l’artériosclérose.
  • Il prépare au sommeil
  • Tout en facilitant le bon fonctionnement du système cardiovasculaire et immunitaire, le rire permet un bon fonctionnement du système respiratoire et du système digestif, pouvant calmer une crise d’asthme
  • Les adeptes du rire sont moins sujets aux rhumes, bronchites et autres infections des voies respiratoires.
  • Il limite l’usure de l’organisme ( travaux du psychologue Deborah DANNER (de l’université du KENTUCKY aux U.S.A)
  • Il améliore l’état des personnes atteintes de schizophrénie
  • Il réduire l’anxiété préopératoire des enfants

 

Et la liste est loin d’être terminée. Reprenons notre souffle puisque le rire permet également d’oxygéner l’organisme. De nombreux ouvrages lui sont consacrés. Je vous conseille de lire « Rire pour vivre » de Bernard RAQUIN, mais également « La volonté de guérir » de Norman Cousins ou/et de découvrir par la même occasion BERGSON, qui au début du 20ème siècle apportait des réponses claires et concises aux questions spécifiques posées à propos du rire.

On l’a vu, cet élixir de jouvence antalgique offert par dame nature a des effets bénéfiques insoupçonnables sur notre santé physique et psychique. Ce véritable antidote au mal être et au stress (synonyme de relaxation, de puissance, de tolérance à la souffrance) demande 10 minutes d’attention quotidiennement.  La posologie à suivre ? Ecouter et/ou regarder des comiques, jouer avec les enfants, savourer les « grosses têtes » par exemple (RTL et paris Première), lire et raconter de bonnes histoires drôles en famille, entre amis ou collègues de travail ou visionner un bon film comique…. C’est ainsi que le Dr Lee BERK (professeur à l’Université de LOMA LINDA en Californie) a découvert que le rire réduisait le niveau des hormones du stress grâce à une analyse de sang effectuée sur des spectateurs pendant le visionnage d’un film drôle. La thérapie par le rire est même expérimentée avec succès en psychiatrie.  Aujourd’hui les sciences cognitives mènent des recherches poussées sur le rire. Certains chercheurs soulignent même qu’après un bon fou rire individuel ou collégial, nous serions plus « aptes » à à jouer aux échecs, à faire des mots croisés, prendre de la hauteur et du recul, résoudre un casse-tête face à un problème insoluble, faire une analyse plus juste face à une situation délicate… Somme toute, le rire favoriserait certaines hormones capables d’aiguiser les sens et l’intelligence. Mais attention, il y a un juste milieu, un équilibre Yin yang à respecter.

Les contre-indications

Aujourd’hui les clubs de rire (créés en Inde par le Dr Madan KATARIA en 1995) fleurissent à tout va (6000 écoles du rire réparties dans plus de 60 pays). Avant de participer à une séance dans un club du rire, prenez l’avis de votre médecin traitant. En effet, il existe des contre-indications telles, les troubles cardiaques, une grossesse à risque, les descentes d’organes, un glaucome, une hernie abdominale, des hémorroïdes actives… Il est fort déconseillé de faire une thérapie du rire après une chirurgie abdominale par exemple. D’ailleurs, des scientifiques Britanniques (Universités d’oxford et Birmingham) viennent de démontrer les dangers du fou rire et leur dangerosité (Arrêt cardiaque, crise d’épilepsie, incontinence, hernies…). Ils soulignent « que reprendre sa respiration en riant, peut provoquer une crise d’asthme ». Ils déconseillent également de ne pas rire la bouche grande ouverte, sous peine de « mâchoire disloquée et/ou d’avaler des objets responsables d’infections » (Etude parue dans le British Medical Journal).

En conclusion, attention aux gourous du web qui utilisent la thérapie du rire à des fins mercantiles, vous proposant monts et merveilles miraculeux. Le rire est un antidote parfait au stress, que son origine soit psychologique ou sensorielle. Vous pouvez le consommer sans modération en respectant néanmoins certaines règles évoquées plus haut.

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Auteur

Eric Garnier Sinclair

Co-Fondateur Art De Rester Vivant (A.D.R.V©), Centre Kyudo Mugen, Chroniqueur, Reporter, Auteur des «Chroniques réflexions», « Self & Dragon Magazines», Magazines «Survivre» , «Tai chi Magazines», «Commando Magazines» ...